Une plante de bord de mer sur la plaine de Sarliève

En dépit de sa pauvreté apparente en espèces végétales, la plaine de Sarliève offre quelques surprises.

La découverte de la garance tinctoriale, au beau milieu des roseaux bordant une rase en est une. On sait que cette plante avait été cultivée au XIXe siècle à Sarliève et nous serons très vigilants pour préserver les quelques spécimens témoins de ce passé de la plaine. Merci à notre ami Gérard Guillot pour cette découverte qu’il a relatée en détails dans un article de son blog Zoom Nature.

C’est également à Gérard que l’on doit la découverte, dans une des rases perpendiculaire à la Grande Rase de Sarliève, d’une station unique d’une herbe rare à l’intérieur des terres : le souchet maritime. Plutôt connue dans les habitats côtiers - marais salés, prés salés, etc - où elle est commune, cette plante discrète témoigne de la présence d’eaux salées circulant dans le sous-sol de Sarliève. Il existe d’ailleurs une source salée au Nord de la Plaine, pas très loin de la gare. Par ailleurs, lorsque nous avons réalisé un forage à la recherche d’eau, nous en avons bien trouvé, mais impropre à l’irrigation  en raison de sa salinité.

Un échantillon de souchet maritime, provenant d’une rase de la ferme de Sarliève, désormais dans les collections des Herbiers Universitaires de Clermont-Ferrand.

Le souchet maritime a trois exigences écologiques majeures. D’abord, il vit « les pieds dans l’eau » tout en développant ses parties aériennes hors de l’eau : il fait donc partie des plantes dites hélophytes (« plantes de marais ») ; il habite donc des sites allant de humides à inondés temporairement ou en permanence mais avec pas plus d’un demi mètre de hauteur d’eau ; au niveau de l’écoulement des eaux, il n’accepte au plus que les faibles débits comme dans les fossés. S’il supporte bien la submersion de ses parties souterraines, il tolère l’assèchement temporaire lors des épisodes estivaux de sécheresse : ses organes souterrains entrent en dormance si la situation à sec perdure en attendant le retour de l’eau. 

Seconde exigence : il recherche des substrats assez riches en nutriments qui lui permettent de développer ses tiges assez grandes et surtout ses organes souterrains. Ainsi, il recherche des substrats vaseux et peut même pousser sur des vases noires asphyxiantes (anaérobies, i.e. presque dépourvues d’oxygène). 

Enfin, originalité majeure, il a besoin soit de sols un peu salés (riches en sels minéraux) ou d’une eau saumâtre peu profonde. En cela, on peut donc le classer parmi les plantes halophytes, i.e. tolérantes au sel et capables de pousser sur des sols salés toxiques pour les plantes ordinaires.”

extrait de : Gérard Guillot - Le souchet maritime dans la plaine de Sarliève

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